Revue de Presse: Stéréoplay (Allemagne) Mars 99

Par JM WILLIGENS


Numéro 250 de Mars 99

Cet hiver ayant aussi été celui des retards dans les aéroports d'Allemagne, ma consommation de revues hi-fi a sensiblement augmenté. Ce mois-ci, c'est le tour de Stereoplay, parce que pour fêter leur numéro 250 ils agrémentaient la revue d'un CD cadeau "The power of Blues and Folk", et puis parce qu'à feuilleter en rayonnage j'avais découvert un ou deux trucs susceptibles de vous intéresser.
Stereoplay était à l'origine l'émanation allemande d'un périodique italien qui essayait d'attirer les lecteurs à grand renfort de photos agrémentées de pin-ups. Eh oui, les jeunots, c'était l'époque où la fesse servait même à vendre de la haute-fidélité. Elle a perduré assez longtemps d'ailleurs, comme j'ai pu le constater en feuilletant récemment quelques prospectus d'antan. Parfois je regrette ces temps, parce que la tronche de M. Tiefenbrun sur une page sur dix, c'est plutot linnifiant en comparaison.
Bon, cette revue a plus tard fusionné avec la trés doctrinale Hi-Fi Stereophonie de M. Karl Breh, pape de la norme DIN et des relevés B&K. Il a pris sa retraite, mais cette épisode permet au RedChef d'aujourd'hui de réclamer pour sa revue l'étiquette "HiFi made in Germany", vu les qualités "éminemment teutonnes" et les "vertus germaniques" (sic) que se reconnait l'équipe rédactionnelle, en sous-entendant lourdement que les concurrents s'en contrefichent: Hargne de teckel dans les recherches, "Gründlichkeit" (une vertu tellement allemande qu'elle est intraduisible en français), amour du travail sérieux et objectivité scientifique.
Cet édito très légèrement puant sert à introduire un cahier spécial consacré à treize fabricants allemands considérés comme parangons des mêmes qualités germaniques...J'ai mon avis sur ce que ça peut apporter à la musicalité des appareils, mais passons, ce cahier spécial est trés instructif.
Commençons par les tests, que Stereoplay, soucieux de justifier son image, accompagne de résultats de BE détaillés et clairement présentés: Courbe de réponse et d'impédance pour les enceintes, diagramme "waterfall", graphiques montrant la puissance et le facteur d'amortissement idéalement requis des amplifications, puissance maximale admissible et jusqu'à une classification indiquant pour lesquels de la douzaine de "profils types" d'auditeurs l'appareil semble particulièrement recommandable: cela va du "raisonnable" au "perfectionniste" en passant entre autres par le puriste, le fan de rock, celui à l'étroit et l'individualiste.
Le système de notation semble mieux tenir la route que celui des concurrents. Depuis trois ans il va jusqu'à 60 points, mais la revue fournit sur demande un tableau de mise en équivalence avec les notations antérieures et même un récapitulatif avec notes de tous les appareils testés depuis 1978. Quand je vous aurais dit que ÇA c'est "gründlich", vous aurez compris ce que ce mot veut dire!

Le premier test est consacré aux enceintes de haut de gamme, avec des prix s'inscrivant entre 75 et 90.000F:
BW Nautilus 801, JM Lab Mezzo Utopia et Wilson Benesch Act2. Les commentaires d'écoute sont assez complets, et la fiche technique nous apprend par exemple que la 801 peut sortir jusqu'à 112dB., contre 107 à la JM Lab. Toutes deux terminent à égalité au pinnacle des 60 points, où elles rejoignent la Hales Transcendence 8. L'Act2 les talonne, avec 59 points, où elle retrouve l'excellente Caldera d'Audio Physics.
Le deuxième test porte sur des enceintes plus logeables et abordables, entre 7000 et 20.000F la paire, et il voit une nouvelle victoire de JM Lab, puisque l'Electra 905 récolte 34 points, à égalité avec la Dynaudio Contour 1.3 MkII . Elles sont suivies par la très belle Praecisa Acoustica Nuovo, au boitier en forme d'oeuf et l'Ensemble Animata (33 points), puis par la Piega P2 et la miniature ELAC CL 310, dont les 29 points n'ont rien de ridicule compte-tenu de ce qu'elle est la plus petite et la moins chère. Il eût mieux valu retester sa grande soeur 142 CL, vendue 11000F comme la Dynaudio et gratifiée l'an dernier des mêmes 34 points...Concernant l'enceinte suisse Ensemble, Stereoplay reconnait des qualités "fascinantes" mais lui reproche un léger manque de coffre et d'autorité. C'est sévère, la suissesse est tellement fascinante qu'on ne s'aperçoit pas qu'il lui manque quoi que ce soit!
Le test suivant est consacré aux lecteurs de CD, et l'on y constate d'abord que l'écart de qualité entre haut de gamme et grand public est beaucoup moins prononcé que pour les enceintes: Les deux modéles testés dans la catégorie des 5000F, le HK HD 760 et le Rotel RCD 971, récoltent en effet tous deux 54 points, (ex aequo avec le Planet) soit finalement assez près des champions en titre Wadia 850 et ML39, pourtant dix fois plus chers! Dans les catégories inférieures, le Yamaha CDX à 3500F récolte encore 51 points et un "très bon", alors que le NAD 524 et le RCD 951 restent en deçà des 50 points, où ils sont presque rattrapés par des appareils "premier prix", comme le Sony XB 720 (47) ou le Pioneer S 507.
J'aurais tendance à donner raison à Stereoplay: La qualité sonore de lecteurs basiques est relativement satisfaisante, les points en plus se paient vite très cher!
Stereoplay teste encore un appareil d'un genre quasiment disparu, l'ampli-tuner T+A R1520. Vu l'absence de concurrents dans la catégorie, cette grosse bête (500W dans 1 Ohm!) au design rappelant Braun n'a pas de mal à s'établir comme référence, avec 46 points.
Enfin, et pour se faire pardonner l'intrusion de ce "super-intégré", Stereoplay nous offre un BE de trois ensembles à éléments séparés, dans une gamme de prix assez large, puisque si les Myriad MP100 et MA100 tournent autour des 13.000F, les Technics SUC/SEA3000 valent le double et les AVM Evolution V5/M5 (2 blocs mono) plus du triple (il est vrai qu'avec 700W il sont aussi cinq fois plus puissants).
Il est intéressant de constater que les préamplis se tiennent de près (entre 49 et 51 points, le champion Cello Encore est à 57) tandis que les réserves gigantesques des monstres chromés germaniques creusent irrémédiablement l'écart, même par rapport au gros Technics à condensateurs au bambou. Avec 55 points, les M5 obtiennent une meilleure note que p.ex. l'Accuphase P 700 tandis que le Technics ("ambitionné, mais peu impulsif!") ne se détache pas vraiment du "sympathique" Myriad (44 et 42 points).
Oublions le test de cables pour enceintes, bien qu'il soit accompagné d'explications techniques et diagrammes très clairs et porte sur des matériels somme toute abordables (de 100F le mètre à 1700 F le jeu), pour revenir au cahier spécial. Il nous présente treize constructeurs allemands, allant du trés ésotérique spécialiste des pavillons sphériques, la société A Capella, au géant Grundig, dont les quelques excursions en haute-fidélité nous ont valu d'excellents tuners et la série "Fine Arts", mais qui fait maintenant plus dans les équipements "lifestyle", en passant par le trés bon (Audio Physics) et le moins bon, ou au moins le "tout venant", c'est à dire les fabricants de HP Heco, Canton, Magnat, Nubert et Quadral... On y apprend que Magnat s'apprête à relancer ses tweeters à plasma (sous licence de feu le Professeur Siegfried Klein, à Paris), que Quadral continue d'améliorer son très impressionnnat modéle de pointe Titan...et que ces cinq fabricants peu connus chez nous alignent chacun de 50 à 70 employés, tout comme les relativement élitistes ELAC ou T+A, alors que Thorens, de loin le plus connu et mondialement distribué, en a moins de quarante!
Ah oui, le CD-cadeau n'est pas trop mal!
Bonnes écoutes

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