Revue de presse

 

"Audiophile" 3/2001

 

Le groupe de presse VMV, de Stuttgart, détient dans son porterfeuille deux revues audio, Stereoplay et Audio, mais qui chassent sur les mêmes divers terrains allant du Bas de Game au home-cinéma, sans trop se différencier.

Depuis quelques années ces revues publient en commun un bimestriel destiné à la chapelle plus réduite des audiophiles purs et durs. Quoi de plus simple que de créer la confusion avec les cahiers français de l'Audiophile, disparus certes il y a une décennie mais jouissant encore d'une réputation mythique dans certaines chaumières, en reprenant un titre que ces malheureux français avaient certainement oublié de déposer?

C'est qu'il n'est pas question d'abandonner le segment des "cinglés", flanqué de l'autre segment, sans doute plus conséquent et rentable, de ceux qu'un snobisme exalté pousse aux dernières extrémités pour passer pour tels, aux cahiers spécialisés tels "image-hifi" ou "hifi & records".

 

Une des vertus reconnues à l'allemand est de vouloir bien faire ce qu'il entreprend. Au besoin, il chaussera ses Vibram et empoignera son piolet pour son excursion dominicale et familiale au "Drachenfels", la colline qui domine Bonn, par un chemin qu'on peut faire à vélo. Faut ce qui faut! Pas question dans ces conditions de bricoler pour une revue qui se veut la Merdèces de son genre, bien au contraire. L'"Audiophile " de Stuttgart est  donc publié en grand format sur papier glacé, et chiade la photo et les graphiques comme les plus grandes revues d'architecture.

 

Les bancs d'essais sont correctement documentés, avec, p.ex. pour les amplis, des relvés de distorsion et de bande passante relativement lisibles, complétés d'un diagramme en trois dimensions donnant respectivement le voltage et le déphasage en fonction de l'impédance de la charge, assez utile pour distinguer les appareils qui s'écroulent dans les coins voire au milieu.

Le classement est clairement présenté par un diagramme en barre, qui distingue le niveau à atteindre selon que l'on branche simplement le matériel (barre verte) ou se donne plus (rouge) ou moins (orange) de mal pour le régler, le disposer dans la pièce et le faire harmoniser avec le reste de la chaìne. Cela permet de constater que tant la Verdier que la S7 de Simon York ne posent guére de problèmes, mais que la Luce SPJ de Madame Spottheim (à 120.000F) est une vraie vérole à mettre en oeuvre si on veut lui faire dépasser la Rega 25 (à 8000F).

L'échelle des valeurs compte les catégories suivantes (traduites du gerglais):

HiFi de Qualité

Ligue premiére

Ligue des champions

Top High End

Classe mondiale

State of the Art

 

Pour les commentaires d'écoute, on s'approche des tartines de Stereophile et autres américains précisant le bois qu'ils brûlaient dans leur cheminée au moment de l'écoute (car, là bas, bien sûr, on n'écoute que chez soi). L'ennui, c'est que la longueur requise pour faire sérieux n'est atteinte qu'au prix de longues digressions très "lifestyle" sur les voitures de course italiennes ou le Sancerre rosé, dont la mode a manifestement atteint la très provinciale Stuttgart... six ans après Berlin. Et que si ces digressions ne sont pas exemptes d'aneries de première grandeur, on retrouve aussi quelques bourdes ridicules dans les parties techniques, comme par exemple lorsque Christoph de Leuw explicite un schéma OTL auquel il n'a manifestement rien compris.

Ceci étant, la majorité des CR témoignent d'une écoute attentive et différenciée, qui ne se contente pas d'une poignée de critères, et les avis sont utiles à qui envisage un investissement lourd à la limite de l'ésotérisme.

 

Le cahier 3/2001 comporte des comptes-rendus des matériels suivants:

 

Ø  La BW 800, placée à la limite du "state of the art", avec des commentaires enthousiastes

Ø  Les blocs monos à tubes Octave Jubilée, superbement photographiés et également portés au pinnacle avec enthousiasme (250kF)

Ø  Les enceintes (si l'ont peut utiliser le terme pour des pavillons non carossés) Avantgarde Uno (52KF), classées à la limite du "top" et de très haut rendement

Ø  La Köchel K300, coréenne et à la porte de la classe mondiale, si toutefois on lui fournit du jus de tubes

Ø  La Dynavox 3.1. également à haut rendement, solidement installée au niveau mondial

Ø  La Klipsch Heresy, à pas cher le dB et qui atteint le niveau champion avec un ampli adéquat

Ø  Les blocs AN Conquest Silver Signature, dont les 8,8W mesurés (à 3% de distorsion) ne s'accommodent évidemment que de peu d'enceintes. En cas de fit, toutefois, on passe de la catégorie la plus basse à la plus haute, "state of the art"

Ø  Les blocs OTL Graaf Modena GM20.dignes de la classe mondiale

Ø  Les enceintes Mission 783, objet des commentaires ignares sur le Sancerre rosé, mais nonobstant très bien placées ((top) compte-tenu de leur prix de 13,5KF

Ø  L'ensemble multi truc surround, etc... RDV-1 d'Onkyo. hors sujet ici.

Ø  L'ensemble C2/D100 de Gamut, mesuré à 425W et classé chez les champions (pour l'ampli, le pré est plus mal noté).

Ø  La platine Clearaudio Champion  (18KF avec un RB-300!) placée entre les premiers et le top. La LP12 avec Akito fait mieux...

Ø  Les cellules Kontrapunkt a et b d'Ortofon, à qui on atteste un niveau mondial (ou planétaire). Les prix vont de 4 à 5000F, entretemps presque le standard chez ce fabricant...

Ø  Le lecteur CD Audionet ARTV2, simple à mettre en oeuvre et combiner, niveau "world class" garanti.

Ø  Un système multicanaux autour des Wilson Watt/Puppy6, également hors sujet ici, tout comme le système d'amplification cinq canaux EAD.

Ø  Un B.E. du logiciel de traitement et simulation acoustique Diamond Cut, couronné par un commentaire très positif. A condition de disposer d'un processeur assez rapide, il permet de retraiter le signal pour simuler diverses combinaisons de lampes et diverses positions de leur point de travail. De quoi jouir de 300B sans risque d'électrocution

 

Il y a enfin un CD "audiophile" joint à la revue, concocté par un Günter Pauler présenté comme le pape des preneurs de son allemands. C'est un cadeau, alors faisons nôtre le dicton allemand "A cheval donné on ne regarde pas les dents" et disons simplement qu'il est assez court (moins de 25 minutes) et bien fait...