Revue de Presse

Stereo (Allemagne)
Mars 2002


Boudiou! Je m'aperçois que ça fait plus de deux ans que je néglige mes fidèles lecteurs, que je sais pourtant haletants chaque mois, la salive à la commissure, et que ma paresse chronique les prive de leur seul soutien -ou presque- contre l'obscurantisme nombriliste et homecinémiste du quarteron de feuilles hexagonales que Monsieur de Relay, grand intendant des messageries, les autorise encore à feuilleter.
Je recommence, donc.
Avec Stereo. Choisi parce qu'ils m'avaient proposé un abonnement d'essai de trois mois, avec CD "Hörtest" en prime. Le CD n'est pas mal, merci, les seize exemples sont tous écoutables, voire très agréables (Mesdames Pidgeon, Caram et K. entre autres), et bien choisis pour illustrer à chaque fois une qualité à rechercher dans votre chaîne.
Peu après est arrivé le premier numéro, de mars, une semaine en avance sur les kiosques.

La couverture est consacrée à la Nautilus 800, avec un titre alléchant "La meilleure enceinte au monde?".
La réponse est page 73, et de normand:
"Oui, mais pas toute seule, mais peut-être que oui parce que les autres coûtent plus cher". Note du jury: 100% (soit 180 écus le point).
Ce n'est d'ailleurs pas ça le plus instructif de ce BE, car il nous donne aussi un aperçu des améliorations techniques que BW continue de mettre au point -déclassant par la même occasion sa propre 801- et de leurs lignes de fabrication. Fascinant!

En plus petit sur la couverture figure aussi une platine "chateau-fort", avec donjon, tours et machicoulis, le tout en plexigas et sans trop de démesure. Comme on s'y attend logiquement, on retrouve à l'intérieur le test de ladite platine, la "Master Solution" du germain Clearaudio.
Sans vouloir être méchant, le principal mérite que je reconnais à M. Suchy, le géniteur de la maison, c'est d'avoir réussi à industrialiser le bras tangentiel de l'américain Souther dans une version relativement stable et fiable. Il paraît que son TTHDGamme en cellules, également TTHDP(rix), compte des modèles à se mettre à genoux. Si on le dit, c'est peut-être vrai, mais il a aussi pondu des trucs assez médiocres bien qu'abordables...
Bon, Monsieur Suchy enfourche aussi le canasson du retour à l'analogique pour jeunes-loups-dont-les-stock-options-ont-foiré, et propose, après sa "champion", une autre gamme de TD "démocratiques" à des tarifs s'échelonnant entre 1690 écus pour la "Solution" à plateau acrylique de 28mm, bras RB250 et pick-up maison "Aurum Alpha", et 3750 écus pour la "Master Solution", au plateau plus épais de 3cm, et gréée d'un RB300 amélioré guidant la même cellule.
Les notes vont de 58% pour le modèle "Solution", cad un poil mieux que la Leonardo du concurrent Transrotor (testée avec cellule Grado), à 78% pour la "Master", elle aussi coincée en note comme en prix entre les deux modèles Pianta et fat Bob de M. Räke. J'eûs aimé vous donner d'autres points de repère, mais hors l'Oracle Delphi et la SME10 (85%) ou les Project (50%, avec cellule Sumiko, pour la 6.9), Stereo n'a testé que des platines teutones.
Ce qui nous fait une belle jambe...
A moins de demander à L.D. comment il trouve sa Transrotor par rapport à une Clément Schlumberger, ce qui vous triangulera de manière définitive...

Restons dans les produits allemands, et le vinyl, avec les nouvelles versions du pré-phono de Norbert Lehmann, le black cube SE (610 écus) et le black cube twin. Ce dernier comporte deux modules sous le même capot, permettant ainsi de conserver deux cellules branchées à tout moment -pas idiot, n'est ce pas?- tout en ne coûtant qu'un tiers de plus. Le black cube exige une longue mise en chauffe, deux jours au moins, deux semaines de préférence. Moyennant quoi il atteint une note de 93% et l'épithète d'excellent et, sans atteindre le Pass Ono onze fois plus cher, il distance le Linn Linto, qui -malgré un prix double- n'engrange qu'un maigre 90%.

Le test suivant est encore consacré à un matériel allemand, mais pour une raison assez simple: Il n'y a plus guère que les allemands à faire des enceintes actives, cette configuration qui fut très à la mode dans les années 70 avec, entre autres, 3A, Servo-Sound, KM et Philips...S'ils ont continué et survécu, c'est qu'à force d'opiniatreté et de recherches, les quelques spécialistes ont réussi à obtenir des résultats tout à fait présentables, voire époustouflants sur certains critères, que d'aucuns apprécient particulièrement ("très propre et très froid"). Le Nestor de ces spécialistes, Monsieur Müller, a depuis longtemps quitté la maison saaroise qu'il avait fondée avec M. Backes, mais cette dernière a poursuivi dans la même direction, sur les traces de la mythique BM12 de 1980, dont ils proposent depuis peu la troisième mouture. C'est un peu l'usine à gaz, avec cinq voies se relayant à 85, 300, 1200 et 7000 hertz, le filtre actif, les cinq amplis intégrés et l'électronique permettant d'ajuster la réponse, par exemple à l'acoustique de la pièce d'écoute, mais il n'est pas interdit de faire compliqué si le résultat est là.
Et bien, les gens de Stereo semblent avoir été enthousiasmés par une image sonore beaucoup plus chaude et humaine que sur les versions précédentes, qui se combine avec les rapidité et précision hors du commun qu'autorise le contrôle actif: Ils donnent à la BM12 MKIII la note de 100%, mais ce dans sa catégorie (où l'on trouve une Naim Credo créditée de 76%), se gardant bien de comparer avec les 100% obtenus par la BW 800 chez les "passives".
Il vous faudra donc essayer l'une et l'autre...

Mais comme elles coûtent largement plus de dix mille écus la paire, Stereo a eu la bonne idée de tester aussi quelques enceintes plus abordables, entre 3 et 4000. Sont ainsi présentées la Lua Con Fuogo, une colonne profonde avec boomer latéral comme on en trouve beaucoup en Allemagne, la Sehring 503 en deux modules (à la Watt+Puppy) développée par le concepteur d'Audiolabor, et la Ventis 222 de notre Triangle national, au sujet de laquelle je remarquerai que quand on est installé à Soissons, patrie d'un haricot redouté, il est peut-être osé de faire référence à des vents dans ses désignations...
Passons, passons, puisque...der Gewinner ist...Ventis 222!
Eh oui, de 2 points, avec 72%, ce qui la classe à côté de l'Avantgarde Uno et de la Contour 3.0, toutes deux bien plus onéreuses. Stereo a apprécié son caractère très vivant et une image sonore beaucoup plus équilibrée que les courbes de réponses légèrement dromadairesques ne le laisseraient penser.

Du côté des sources numériques, Stereo a testé la nouvelle bonne à tout faire de Pioneer, le DV 747A qui lit tout, du CD au SACD, du un canal au cinq canaux, de l'audio au video, et qui fait la vaisselle quand il est couplé au robinet adéquat. Il semble, à lire les commentaires, que la machine arrive à sortir un son très correct d'à peu près tout ce qu'on lui donne, malgré une notation assez en retrait par rapport aux champions moins hybrides que sont le Marantz SA-1 en SACD (note du 747: 49% contre 100%) ou l'Onkyo S939 en DVD (note du Pioneer 71%). A 1550 écus cependant, la polyvalence n'est point trop chère.

Dernier grand test (vous ne vous attendez tout de même pas à ce que je cause aussi du pré home-cinéma d'EAD!), celui de quatre graveurs MDG, entre 500 et 1000 écus et tous aussi nippons l'un que l'autre. C'est le Yam HD1000, le plus cher, qui l'emporte, devant l'Onkyo R700, moins cher, la Panasonic PR300, encore un peu moins cher, et le Teac RW-D280, le meilleur marché du lot.
Comme quoi, chez les nippons aussi, la logique est respectée...

Stereo a aussi quelques brèves sur les nouveautés, comme la cellule MM Korsar que Linn nous concocte, et dont le niveau de sortie pourrait suffire à certains HP HR, sans pré-amp, ni ampli: Plus de 6mV! Il y a aussi un écho sur les Amethyst de M. Fadel, peut-être inspirés des boules du Roy de notre forum et qui semblent fonctionner, tout comme le "puck" à CD d'ATT (pour 160 écus, c'est la moindre des choses) . Et surtout quelques photos de Las Vegas, en petit format, mais qui promettent: Des monstres de Gamut et Nakamichi, de la platine d'Atmasphere, ou du VV520B d'ER audio, russe et joli dans son habillage de jade (ou granit, ou marbre, en tout cas c'est vert) et d'acajou de Sibérie comme un oeuf de Fabergé...
Bonnes écoutes