Merci à lui de notre part à tous!

Francfort 2000, mes esthétiques

Le dessin est vieux comme Lascaux, la reproduction sonore comme Cros. Alors on se déchire et s'injurie sur l'une, et se retrouve sur l'autre, sauf à s'engueuler sur un Picasso ou un Warhol. En vingt mille ans, les goûts se ressemblent.
Et pis, de toute manière, on peut pas (encore) repasser l'image sonore d'une chaîne trucmuche sur le ouaib. Alors qu'on peut y mettre des photos...

Les tendances esthétiques de ce dernier high-end du siècle, voilà comment je les vois:

Il y a toujours des trucs "hénaurmes", protos confiés à un designer à qui on demande d'exagérer pour frapper les esprits, surtout pour les platines, qui s'y prêtent mieux que les boites à chaussures.
Monsieur Räke l'avoue sans rechigner: Chez Transrotor pour s'occuper, on développe régulièrement un nouveau monstre de platine, genre Gravita, monté comme un compas de supertanker, ou un nouveau modèle avec un poil plus de plexi, et du vieux laiton ou du carbure d'uranium à la place de chrome. On l'amène à Francfort, et on attend.
Le Gravita, ils en ont vendu deux jusqu'à présent. A un prix qui couvre les faux frais.
Comme ces machins, genre "Gravita" ou Spotheim "La Luce", ça frappe les esprits, on les retrouve généralement vite aux "Turntable Galleries" du ouaib. Allez regarder, c'est beau, et mieux fait que mes scans.
Alors je vous ai choisi une moins connue: La Pluto hollandaise.

A côté de ces protos pour milliardaires - ou au moins millionnaires - raffinés, on tombe dans le "lifestyle". Merveilleux néologisme pour parler du snobisme nouveau riche qui a fait prospérer B&O depuis quarante ans et Boss depuis trente.
La palme, là, revient à Burmester. A preuve, les commerciaux vous tendent des cartes de visite plaqué or, et toute leur communication se fait sur le même mode con prétentieux. "Art for the ear" qu'ils appellent ça. C'est bien fait, très cher, mais parmi les "oreilles d'or" de mes connaissances, il n'y en a aucun(e) qui porte aux nues.

C'est pas comme Brinkman. Le mec, il a des zoreilles, et un sérieux bagage, dont on trouve encore les traces dans les boites, comme Audiolabor, où qu'il est passé avant de créer la sienne.
Il vous fait des circuits et des implantations de composants d'une beauté et d'une sonorité à vous couper la respire. Il doit en être assez fier, parce qu'il met à ses boitiers très épurés des couvercles en plexiglas. Ça prend la poussière, mais il y a de quoi se rincer l'oeil!

Côté rétro, les anglais se sont fait doubler. Et pourtant faut le faire! La performance est signée à la fois par les italiens (eh oui!) de Nightingale, avec des emboitages et des boutons que même mon Jason de 1962 y fait moderne en comparaison, et par les indiens de Cadence. Leur ampli à tubes de 2x200W, avec ses tubes comme les bras de Vichnou, moi j'adore!

C'est vrai que le tube se prête à pas mal d'exagérations souvent amusantes.
Et quand le patron a de l'humour, ça nous vaut de fameux clins d'oeil. Comme les déclinaisons de la gamme "Kronzilla" et les "Krokodil" de KR/Kron. Je vous ai mis les modèles "Kronzilla SEP", avec les tubes Jeroboam KR1610, triodes capables chacune de 80W en classe A, et "HD", en pensant aux amateurs de motos. Les autres, vous irez voir sur
www.blackforestaudio,de

Pour les enceintes, rien cette année ne dépassait en énormité fonctionnelle le "Carfrae" de 1999. Les A Capella Triolon s'en approchaient, mais ce sont de vieilles connaissances. L'oscar a donc été disputé, puis partagé. Pour la catégorie "form follows function" je l'ai attribué aux superbes "Rondo" d'Auditorium 23, mises au point pour faire (enfin!) sonner des Phy comme ils devraient, ce qu'elles font trés bien, juste devant les Dynavox GEM.
Dans la catégorie "élucubrations" je dois dire que je n'ai pas vu grand chose en plus de trente ans qui s'approche des "O'heocha" britanniques La palme d'or va donc à l'unanimité à leur modèle D2. J'ai pas écouté, et je crois d'ailleurs que je saurais pas sans éclater de rire...
Assez loin derrière viennent les "Audiopur" (impossible de vous les monter, fichié reçu endommagé), également très "guerre des étoiles", mais avec un prix de 500 kilobrouzoufs la paire, qui me ferait rire trop jaune.

Parmi les nouveaux noms aussi certains prêtent à sourire: Un danois baptise ses produits "GamuT", mais il est vrai que ça peut dire en danois qu'il y a dedans un seul MosFet capable à lui tout seul de 300W et 400A.
Quant à Audio Consequent ils baptisent leur préampli (à tubes!) Rectus.
M'étant tapé six ans de latin je ne peux m'empêcher de décliner. Ça donne:
"J'écoute mon Rectum"

Bonnes écoutes!!!!!